Une campagne à l’écoute des Serpelious

Pour tout candidat à une fonction politique, une campagne électorale a deux vocations : la première, la plus évidente, est de se présenter aux électeurs ; la seconde, tout aussi importante, est de les écouter. Malgré les restrictions imposées par le covid, celle de cette année n’a pas dérogé à la règle. Que ce soit en présentiel, en visioconférence ou par téléphone, les candidats de l’ASSE ont multiplié les contacts avec les Serpelious ces dernières semaines pour mieux connaître leurs préoccupations.

La densification figure en bonne place parmi les thèmes abordés. Ce d’autant qu’il est d’actualité, cette année, avec un projet de quartier des Jordils « à bout touchant ». Projet qui, s’il se réalise, ajoutera quelque 340 habitants à la commune. « Ces parcelles seront de toute façon construites un jour ou l’autre, observe quelqu’un. Là, au moins, elles le seront de manière ordonnée. » A entendre nos interlocuteurs, le site lui-même inquiète moins que ses répercussions sur l’école et sur la mobilité.

L’école revient dans nombre de discussions. « Elle est aujourd’hui débordée », constate un résident. Mais c’est le parascolaire, pour l’essentiel l’Unité d’accueil pour écoliers (UAPE), qui laisse le plus dubitatif : pas assez de places ! Il s’agira là, pour sûr, d’un des gros enjeux de la prochaine législature. Les futures autorités auront à choisir entre la construction d’un nouveau bâtiment dans le prolongement du premier ou la dispersion des élèves, dans le scolaire (avec le transfert des niveaux 7 et 8 à Chavannes) comme dans le parascolaire (avec l’envoi de nombreux enfants « dans le privé »).

La mobilité sera un autre chantier phare de la prochaine législature. Parmi les sujets abordés par nos interlocuteurs figure en bonne place l’intensification du trafic à la rue du Centre. Le problème est connu. La Municipalité actuelle prévoit de ralentir la circulation le long de cet axe majeur afin d’encourager un certain nombre d’automobilistes à « passer ailleurs », à savoir, autant que possible, sur la route Cantonale. Un second goulet d’étranglement existe aussi à certaines heures aux abords de l’école et ne manquera pas d’être aggravé par l’ouverture d’une garderie-nurserie de 66 places en août le long du même chemin des Pâquis.

Parallèlement, une aspiration à la mobilité douce grandit dans la population. Bons pour l’environnement comme pour la santé, la marche et le vélo ont aussi pour avantage de prendre peu de place et donc de contribuer à résorber les bouchons. Un début de solution ? « Pourquoi ne pas favoriser les cheminements piétonniers entre le haut et le bas de la commune ? » suggère quelqu’un.

Et les transports publics, censés eux aussi limiter l’usage de la voiture individuelle ? Le principal changement attendu ces prochains temps est le transfert de la ligne 701 de la rue du Centre à la route Cantonale. Or, il est difficile de deviner ses effets sur les habitudes de déplacement. Il se pourrait qu’en « éloignant » des arrêts elle pousse davantage de Serpelious à emprunter leur voiture. Ce qui n’irait pas dans le sens d’une fluidification du trafic. Un casse-tête. « Qu’en est-il du projet de navette évoqué il y a quelques années ? » demande une habitante attentive.

Les infrastructures ne sont pas en reste. C’est notamment le cas de la déchèterie, qui « pourrait être modernisée », nous dit-on joliment. Des idées ont été émises ces dernières années mais sans déboucher encore sur un projet précis. Celle de construire sur le terrain agricole qui jouxte les tennis, à l’entrée du village, a été enterrée. Il reste plusieurs options. Comme rénover les installations sur le site actuel ou en élever de nouvelles dans la même « zone d’activités » mais plus près de la rue du Centre, sur une parcelle nouvellement acquise par la commune. Le choix de l’endroit n’est qu’un aspect du dossier cependant. Facilité d’accès et heure d’ouverture en constituent d’autres dimensions.

Dans le domaine social, divers souhaits se sont exprimés. « Saint-Sulpice doit faire davantage pour ses jeunes », insistent plusieurs électeurs. « Que s’est-il passé du côté du club de football ? s’interroge plus précisément quelqu’un. Il était l’un des meilleurs de la région et attirait de nombreux joueurs à la ronde il y a encore 10 ans ». Dans un autre registre, un couple demande ce que peuvent faire de nouveaux arrivants pour s’intégrer dans la commune. Participer à une action de solidarité ? Une habitante se félicite de l’action des Cartons du Coeur, organisée ces dernières années par des privés en faveur de ménages en grande difficulté financière dans le district.

Des finances communales, devenues aujourd’hui un problème central, il a été très peu question. Peu de gens savent apparemment que la marge d’autofinancement de la commune est nettement insuffisante depuis des années. Et que cela exigera des futures autorités d’opérer des choix difficiles. Tout au plus quelqu’un a-t-il demandé pourquoi la Municipalité ne s’activait pas davantage contre la péréquation, cette redistribution d’une grande partie de l’impôt communal au Canton et à des localités moins favorisées que Saint-Sulpice. Vaste question, devant laquelle le pouvoir communal rencontre ses limites.